Comprendre la douleur – Mal de dos

 

  1. La douleur : réponse de notre cerveau
  2. Douleur aiguë / Douleur chronique
  3. Influence des autres facteurs sur la douleur
  4. L’importance d’un mode de vie sain

 

La douleur : réponse de notre cerveau

La douleur est complexe et implique une communication entre notre cerveau et notre corps. Cette communication se fait par l’intermédiaire de notre système nerveux, via des capteurs dans les nerfs de notre peau, de nos muscles, de nos os qui captent les signaux de tout « danger » potentiel. Ensuite, ces signaux sont envoyés à la moelle épinière (dans la colonne vertébrale), puis remontent jusqu’au cerveau.

Diverses parties du cerveau sont impliquées dans le traitement de l’information douloureuse. Celle-ci est influencée par de nombreux facteurs (les croyances, l’environnement, le contexte, les émotions et/ou les expériences antérieures). Le cerveau prend en considération toutes ces informations pour savoir comment réagir. Si le cerveau détermine qu’il y a un danger, il déclenche la sensation de la douleur, et c’est seulement à ce moment-là que nous la ressentons. La douleur est donc une réponse de notre cerveau.

Exemple :

Une sensation de chaleur peut être perçue comme dangereuse, ou sans danger, en fonction de la situation. Si vous ressentez de la chaleur en posant la main sur une poêle chaude dans votre cuisine, votre cerveau voit cela comme un danger et vous retirez immédiatement votre main, même s’il n’y aucun risque de brûlure. Si vous ressentez de la chaleur en trempant votre main dans un bain chaud que vous venez de faire couler, vous allez laisser votre main, car votre cerveau ne perçoit pas cela comme un danger. 

 

Douleur aiguë

La douleur est souvent considérée comme un système d’alarme, car notre corps tente d’attirer l’attention sur une partie du corps qui a été blessée, ou qui est en danger. Elle met en garde contre les dommages physiques afin que nous puissions nous protéger. Nous pouvons comprendre ce type de douleur car il reflète la présence d’une lésion tissulaire réelle ou potentielle. Généralement, celle-ci est brève et se résout lorsque la blessure guérit. C’est ce qu’on appelle la douleur aiguë, qui dure moins de trois mois.

 

Douleur chronique 

Parfois, la douleur persiste au-delà de ce stade initial d’alarme, même après la guérison de la blessure, et la douleur aiguë devient une douleur persistante ou chronique (douleur qui dure plus de 3 mois).

En cas de douleur persistante ou chronique, la douleur a duré plus longtemps que prévu, ce qui entraîne des modifications du système nerveux. La douleur perçue est alors le reflet de ces modifications anormales, et non plus le signe d’une lésion ou blessure.

Le système nerveux a également la capacité de changer et est en constante évolution, c’est ce qu’on appelle la neuroplasticité. Nos nerfs et notre cerveau apprennent ce qu’ils pratiquent et peuvent « apprendre la douleur ». Plus la douleur dure longtemps, plus cet apprentissage s’enracine. La douleur peut persister même si la blessure initiale a eu le temps de guérir, ou que l’inflammation s’est atténuée. 

Des changements se produisent dans le système nerveux et la moelle épinière, qui deviennent alors trop sensibles et réactifs, ce qui entraîne l’envoi de signaux de danger plus intenses. Le cerveau reçoit maintenant des informations erronées avec des signaux de danger plus nombreux et plus forts et a une réponse accrue et, par conséquent, notre «système de la douleur» peut devenir trop protecteur et trop réactif.

Dans cette situation, la douleur est perçue comme une « fausse alerte ». L’alarme se déclenche vraiment (votre douleur est totalement réelle et vous gâche votre quotidien), et en même temps, il n’y a vraiment pas de feu (votre corps n’est pas blessé).

 

Question fréquente : “Oui je comprends mais moi c’est différent, j’ai une hernie discale, et de l’arthrose, donc c’est normal si j’ai mal non ?”

Désormais, nous savons que ce n’est pas parce que vous avez passé un examen qui a révélé la présence d’une hernie discale, d’arthrose, ou quelque chose d’abîmé, qu’il s’agit forcément de la source de la douleur. 

Nous savons par exemple que 20% de la population vit avec une hernie discale mais que seulement 1 à 3 % de ces personnes ressentent des douleurs. De plus, de nombreuses personnes ont mal au dos, sans avoir d’anomalie à l’examen.

 

Et pour l’arthrose ?

20 à 25% de la population adulte a de l’arthrose, mais seulement la moitié de ces personnes ressentent des douleurs qui les handicapent au quotidien.

Nous pensons désormais que l’arthrose que l’on peut voir sur un examen (radiographie ou IRM) est un phénomène normal de vieillissement. Par contre la douleur, la raideur et la faiblesse qui sont généralement associées ne sont pas normales. 

En vieillissant, il est normal de voir des signes d’arthrose sur les radiographies, même chez les personnes qui n’ont pas de douleur. Quelqu’un peut avoir une arthrose importante sur une radiographie, mais n’avoir aucune douleur. Ainsi, l’arthrose peut être comparée aux rides qui se forment sur notre peau en vieillissant, mais cette fois-ci à l’intérieur de nos articulations. 

Bien que ces changements puissent contribuer à la douleur, une grande partie de la douleur associée à l’arthrose est due à la raideur des articulations et à la faiblesse musculaire.

 

Influence des autres facteurs sur la douleur

Lorsque la douleur est perçue, son intensité et sa manifestation dépendent de nombreux facteurs. Par exemple, si votre douleur apparaît alors que vous êtes stressé, angoissé, ou déprimé, son intensité sera plus élevée.

Inversement, si la perception de la douleur se manifeste alors que votre journée a été excellente, et que tout va bien dans votre vie, son intensité sera diminuée, même si la blessure ou la lésion d’origine est la même.

Lorsque nous avons beaucoup de peur et de préoccupation autour de la douleur, notre cerveau pense alors que la douleur est dangereuse, et que la douleur persiste. Un cercle vicieux s’installe.

Voici comment fonctionne le cycle :

  1. La douleur déclenche des sentiments de peur.
  2. La peur met le cerveau en état d’alerte qui provoque plus de douleur (fausse alarme).
  3. Ce qui conduit à plus de peur.
  4. Ce qui conduit à plus de douleur.

Nous brisons ce cycle en changeant notre façon d’appréhender la douleur, en la considérant comme totalement sûre, puisqu’elle n’est pas le reflet d’une vraie blessure, ou d’une fragilité. Au fur et à mesure que vous apprenez à éliminer la peur autour de la douleur, votre douleur diminuera progressivement avec le temps.

 

L’importance d’un mode de vie sain

Également, une mauvaise alimentation, un manque de sommeil, un manque d’activité physique quotidienne, le surpoids, la cigarette, ou encore l’alcool, ont tendance à long terme à augmenter la perception de la douleur.

En effet, une mauvaise hygiène de vie favorise l’apparition d’un terrain inflammatoire chronique. Ce problème perturbe le système immunitaire, et la bonne santé du cerveau, qui ne parvient plus à analyser correctement le signal douloureux. Dans ce cas, il peut à tort déclencher l’alarme alors qu’il n’y a rien d’abimé, de cassé, ou d’anormal.

Heureusement, il est possible de résoudre le problème que nous venons de voir, et de modifier le système de la douleur (le cerveau, la moelle épinière et le système nerveux) pour qu’il devienne moins sensible, et retrouve un cadre protecteur plus normal. 

Cette rééducation peut entraîner moins de douleur et diminuer l’impact que la douleur chronique peut avoir sur les autres systèmes et fonctions de notre corps (sommeil, mouvements, stress, humeur et/ou émotions).

Vous trouverez de nombreux conseils sur ce sujet dans la partie du cours sur les conseils d’hygiène de vie contre le mal de dos.